Déc 12, 2025

L’histoire de Nathalie

La proche aidance : un chemin d’amour, de résilience et de solidarité

Je m’appelle Nathalie, j’ai 49 ans et je suis proche aidante. Mon parcours est artistique : je suis comédienne, chanteuse et membre du trio vocal franco-ontarien Les Chiclettes. Depuis des années, je sillonne le Canada à la rencontre des communautés francophones. Mais derrière la scène et les projecteurs, une autre réalité m’accompagne : celle de la proche aidance.

Mon rôle d’aidante a commencé il y a plusieurs années, lorsque mon mari de l’époque a reçu un diagnostic de cancer. Après les traitements, il a traversé une grave crise de santé mentale qui a bouleversé notre vie familiale. Nous étions tous deux travailleurs autonomes et soudainement, je me suis retrouvée à jongler entre mon travail, l’éducation de notre fils de quatre ans et un rôle d’aidante presque à temps plein. J’ai appris à gérer les soins, à trouver du financement et à maintenir le quotidien, tout en restant debout pour ma famille. Ce fut une période exigeante, mais elle m’a permis de découvrir une force insoupçonnée en moi.

Aujourd’hui, mon rôle d’aidante s’exerce auprès de la grand-maman de mon fils, Muriel, 78 ans, qui traverse le deuil de son conjoint. Avec elle, je joue un rôle de soutien à la fois pratique et affectif : l’aider à organiser sa maison, partager un café, écouter ses histoires ou simplement veiller à ce qu’elle se sente entourée. Ces gestes, parfois simples en apparence, ont un immense impact sur sa qualité de vie.

Être proche aidante m’a transformée. Bien sûr, cela a parfois pesé sur mes relations, mon travail et mon énergie. Mais cela m’a aussi ouvert le cœur et affûté mes antennes d’empathie. J’ai appris que la clé est de ne pas porter ce rôle seule. Oser demander de l’aide, c’est un véritable acte de courage. Une amie qui vient prendre un café avec Muriel pendant que je fais le ménage, mon fils qui transporte les sacs de recyclage ou qui passe un moment avec sa grand-maman… tout cela compte. Ce sont de petites actions, mais elles allègent la charge et créent une chaîne de solidarité.

Je conseille donc aux autres aidants : n’ayez pas peur de demander de l’aide et acceptez-la quand elle vient. Souvent, les gens disent « si tu as besoin, appelle-moi », mais il faut oser leur rappeler cette promesse. Et surtout, il est essentiel d’apprendre à dire non. Poser ses limites ne veut pas dire qu’on aime moins. Au contraire, un « non » bienveillant peut protéger notre équilibre et nous permettre d’être présents plus longtemps.

Bien sûr, les défis sont nombreux : la fatigue, la charge mentale, la difficulté de concilier travail, famille et aidance. Ce que je changerais pour améliorer la vie des proches aidants? Davantage de reconnaissance, de services adaptés et surtout une valorisation claire de ce rôle essentiel. Trop souvent invisible, la proche aidance mérite d’être reconnue comme une richesse sociale.

Aujourd’hui, je vois la proche aidance comme une école de vie. Elle m’a appris à mieux me connaître, à valoriser le partage et à cultiver l’entraide. Elle a renforcé mes liens familiaux et m’a rappelé que, dans les épreuves, l’amour et la solidarité sont nos plus grandes forces.

💡Nathalie est Chargée de projets à l’Union culturelle des Franco-Ontariennes. Elle travaille actuellement sur le projet TU COMPTES, un outil de soutien aux personnes aidantes francophones de l’Ontario. TU COMPTES vise à reconnaître, valoriser et célébrer le rôle des personnes aidantes en créant un réseau de soutien afin de faciliter l’accessibilité des services et des ressources en français en Ontario. Visitez le site web www.tucomptes.ca pour découvrir l’outil.

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